L’Archidiocèse de Garoua et l’âge de la belle maturité

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Célébration de 70 ans de foi et consécration de la cathédrale en présence du Nonce apostolique

Le 4 octobre 2025, à l’occasion de la fête de saint François d’Assise, la ville de Garoua s’est transformée en un véritable sanctuaire vivant. Deux événements majeurs ont convergé pour marquer l’histoire religieuse du Nord-Cameroun : la célébration du 70ᵉ anniversaire de l’érection du diocèse de Garoua et la consécration solennelle de sa cathédrale, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Une journée de ferveur, de communion et de reconnaissance, qui a rassemblé des milliers de fidèles, des dignitaires religieux et civils, ainsi que des délégations venues du monde entier.

Une célébration doublement historique

La cérémonie a été présidée par Son Excellence Mgr José Avelino Bettencourt, Nonce apostolique au Cameroun et en Guinée-Équatoriale, représentant du Saint-Père. Sa présence a conféré à l’événement une dimension universelle, soulignant la proximité du Vatican avec l’Église locale.

La solennité de la célébration a été renforcée par la participation exceptionnelle de 14 archevêques et évêques venus du Cameroun, de France et du Tchad. Parmi eux figuraient Mgr Philippe Mousset, évêque de Périgueux et Sarlat en France, et Mgr Dominique Tinoudji, évêque de Pala au Tchad. Des délégations prestigieuses venues de Marseille et de Milan ont également honoré la cérémonie.

Une ferveur populaire sans précédent

Plus de 500 prêtres, religieux et religieuses ont participés à la messe aux côtés du Nonce apostolique, tandis que plus de 5 000 fidèles, venus de tous les diocèses du Cameroun et de l’étranger, ont rempli la Cathédrale et ses abords. La célébration a également été marquée par une forte présence des autorités civiles. Le Chef de l’État était représenté par Monsieur Gabriel Mbairobe, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, témoignant de l’attention particulière du gouvernement camerounais à cet événement ecclésial majeur. Le Gouverneur de la région du Nord, ainsi que plusieurs autorités administratives, traditionnelles, religieuses et municipales, ont également pris part à cette journée historique.

Dans un geste fort de fraternité, des représentants de l’Islam, des Églises protestantes et orthodoxes ont participé à la célébration. Ce dialogue interconfessionnel illustre l’esprit d’ouverture et de paix qui anime l’Église catholique au Cameroun. Garoua est ainsi devenu, le temps d’un jour, un carrefour de foi, de communion et de reconnaissance.

Une homélie marquante du Nonce apostolique

Dans son homélie, Mgr Bettencourt a salué l’histoire missionnaire du diocèse de Garoua, l’un des premiers du Cameroun. Il a rendu hommage aux nombreux missionnaires qui ont œuvré à l’annonce de l’Évangile : les Oblats Français, Canadiens, Polonais, les prêtres Fidei donum Italiens, les sœurs de la Sainte Famille de Bordeaux, les Filles du Saint-Esprit, les sœurs du Sacré Cœur de Saint Jacut, et bien d’autres.

Il a rappelé les paroles du pape Saint-Jean-Paul II lors de sa visite en 1985 à Garoua : « L’annonce de l’Évangile a porté ici des fruits précoces et très beaux, comme aux premiers temps apostoliques. » La consécration de la cathédrale est, selon lui, un signe fort de l’engagement chrétien du peuple de Dieu qui est à Garoua, une manifestation de leur désir d’adorer Dieu et de sanctifier leur vie.

Témoignages et messages de soutien

Mgr Philippe Mousset, dont le diocèse est jumelé à celui de Garoua depuis 1983, a souligné : « Ce qui se vit dans votre diocèse concerne toute l’Église. 70 ans, c’est l’âge de la belle maturité. Vous êtes les héritiers d’une grande histoire missionnaire. »

Mgr Andrew Fuanya Nkea, Président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, a félicité le diocèse : « Rendons grâce au Seigneur pour sa présence dans l’Église qui est à Garoua. Que sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, patronne de cette cathédrale, enseigne à tous la voie de l’humilité et de l’amour au sein de l’Église notre Mère. »

Une cathédrale, fruit de persévérance

Mme Zazou Jeanne-d’Arc, représentante du Conseil Pastoral Diocésain, a retracé l’histoire de la construction de la cathédrale. Le projet fut initié par Monseigneur Christian Tumi, qui posa la première pierre le 26 novembre 1991. Les travaux furent poursuivis par Monseigneur Antoine Ntalou jusqu’au gros œuvre, mais connurent une longue interruption faute de moyens.

C’est sous l’impulsion de Monseigneur Faustin Ambassa Ndjodo que le chantier fut relancé, dans le cadre des Orientations Pastorales 2023–2029 intitulées « Courir vers le but », avec pour thème pastoral en 2023 : « Construire la maison du Seigneur ».

La Cathédrale Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, juchée sur la colline de Nkol-Bivès à Yelwa, est un édifice imposant de 1 830 m², entouré d’une cour de 3 832 m², bordée aux trois quarts de balustrades en béton et entrecoupée de trois escaliers avec une capacité interne de 3000 places assises. Elle incarne la foi, la persévérance et l’engagement du peuple chrétien catholique de Garoua.

Garoua, au cœur de l’Église universelle

À travers cette célébration, Garoua s’est affirmé comme un centre spirituel majeur, non seulement pour le Cameroun, mais pour l’Église universelle. La présence du Nonce apostolique et des délégations internationales a souligné l’unité et la communion de l’Église dans sa diversité.

L’archevêque de Garoua, Monseigneur Faustin Ambassa Ndjodo, a exprimé sa profonde gratitude : « Nous avons rêvé pour que ce jour arrive et nous y avons travaillé ces trois dernières années. Nous sommes comblés. Nous prions pour que Dieu nous donne l’éclairage nécessaire pour discerner les pas à suivre pour la marche de son peuple ici dans les années futures. »

Sous l’autel de la cathédrale ont été déposées les reliques de Saint-Eugène de Mazenod, fondateur des Oblats de Marie-Immaculée, et de Saint Vincent-Pallotti, fondateur des premiers missionnaires du Cameroun. Un geste hautement symbolique qui relie le passé missionnaire à l’avenir spirituel du diocèse.

Ce 4 octobre 2025 restera gravé dans les mémoires comme un jour de grâce, de reconnaissance et d’espérance. Le diocèse de Garoua, fort de ses 70 ans d’histoire, entre dans une nouvelle étape de son cheminement spirituel, porté par la foi et l’amour du Christ.

Abbé Philippe Tchimtchoua

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